Pi-Ramsès : cité perdue de Ramsès II

Pi-Ramsès (ou Per-Ramsès), situé à l’emplacement de l’actuelle Qantir, fut la capitale de l’Égypte sous les XIXe et XXe dynasties.
Signifiant Maison de Ramsès, cette cité riche et prospère fut le centre du pouvoir à l’époque ramesside. Établie sur la branche pélusiaque du Nil, son emplacement fut choisi sur le site de l’actuelle localité de Qantir, à proximité immédiate d’Avaris, l’ancienne capitale des Hyksôs, qui avaient régné sur la Basse-Égypte lors de la Deuxième période intermédiaire. Séthi Ier y avait bâti un premier palais qui sera agrandi par son fils Ramsès II, quand celui-ci y établit la capitale dynastique.
Le choix de l’emplacement de Pi-Ramsès n’était certainement pas dû au hasard. En effet, le site présentait des avantages évidents, qui décidèrent Ramsès II à déplacer la cour royale dans le delta :
La région d’Avaris était le berceau des Ramessides. En effet, non seulement Séthi Ier y avait fait construire un palais, mais en plus le site de la future Pi-Ramsès comprenait un sanctuaire dédié à Seth, le dieu dynastique. Rappelons que le père de Ramsès II portait le nom de Séthi, ce qui veut dire « Celui qui appartient à Seth ».
La volonté, suite à la fin chaotique de la XVIIIe dynastie, d’éloigner le pouvoir royal du clergé thébain, dont l’emprise s’était renforcée après les réformes avortées d’Akhénaton et la restauration des anciens cultes par Horemheb notamment. En effet, le clergé d’Amon, qui s’était vu octroyer tant de richesses sous le règne des Thoutmôsis, dut exercer une influence de plus en plus pesante sur la royauté. Cette influence fut d’ailleurs l’une des raisons probables de l’épisode amarnien, mais après le retour à l’ordre établi sous Horemheb, le dieu thébain, richement doté, retrouva tout son pouvoir et ses privilèges d’antan.
La nécessité de se rapprocher du terrain des opérations militaires : en effet, Séthi Ier, qui avait réussi à reconstituer en partie l’empire des Thoutmôsis au Levant, dut sans cesse faire barrage aux désirs de conquête des Hittites, et son fils après lui. Il est d’ailleurs prouvé que Thoutmôsis III, près d’un siècle plus tôt, avait compris l’importance stratégique du site en y construisant un palais fortifié à l’emplacement de l’ancienne ville des Hyksôs.
Enfin, le fait que Ramsès II se soit lui-même divinisé de son vivant, instaurant son propre culte au milieu de celui des grands dieux de l’Égypte. Nous possédons des descriptions antiques de la ville qui attestent qu’elle ne comprenait pas moins de trois grands temples dédiés aux trois principaux démiurges du panthéon égyptien : Rê, Amon et Ptah, chacun placé à trois points cardinaux de la cité, le quatrième étant déjà occupé par le temple de Seth. Au milieu se trouvait le palais royal, véritable temple royal, entièrement consacré au culte de Pharaon. Tout ceci démontre avec quelle habileté Ramsès II réussit là où Akhénaton avait échoué. Non seulement il développa le culte de pharaon divinisé, mais il inaugura la synthèse du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel dont il avait la charge. Il put retarder ainsi pour un temps la montée en puissance des grands prêtres d’Amon, qui ne prendront le pouvoir que pendant les troubles de la Troisième période intermédiaire, à la mort du dernier des Ramsès.
150 ans après la mort de Ramsès II, l’assèchement de la branche pélusiaque amènera les Égyptiens à déplacer la capitale vers l’actuelle localité de Tanis sur la branche tanique du fleuve, en réutilisant les statues et blocs de pierre de l’ancien site de Pi-Ramsès.